Une mission. Encore une. De toute façon, je ne vais dans les autres maisons des Gigantis que pendant les missions. Mais celle-là est plutôt simple, prendre un peu de nourriture pour un groupe qui dépende de nous. Ce n’est pas la première fois que je viens dans cette maison. Je n'ai jamais vraiment vu les habitants et je me mets en place pour voir ce qu'il se passe. Il est relativement tôt et aucun bruit ne se fait entendre dans la maison. Je regarde rapidement ce qui se trouve à portée de main, mais je ne vois rien de bien spécifique. Ils rangent rapidement ce qu'ils mangent ici, il faudra sans doute aller fouiller dans les placards. C'est quelque chose que je sais faire, encore heureux. Bon, rien à l'horizon... Mais je sais que cela peut être trompeur alors je préfère demander aux gens qui surveillent s'il y a un Gigantis ou un animal en approche.
« Pas pour le moment... Oh, un des occupants vient de se réveiller. Il vient dans la cuisine. »
Chier ! Je vais devoir attendre qu'il s'en aille et je retourne dans le mur pour attendre qu'il s'en aille et rejoindre les gens de la surveillance. Je glisse un peu et me rattrape au mur et je ne bouge plus pour voir s'il a entendu. J'ai toujours peur de me faire prendre, j'ai remarqué que certains Gigantis avaient l'ouïe plus fine qu'on le pensait. Autant ils semblent ne pouvoir nous entendre que difficilement autant ils peuvent entendre quand nous faisons du bruit. Il ne semble pourtant pas entendre quand il commence à parler.
« Lily ? »
« C'est ainsi qu'il nomme la fée qui vit dans les murs de sa maison quand il lui parle. »
Je hausse un sourcil, c'est assez rare un Gigantis qui croit à ce genre de chose et ça pourrait être potentiellement dangereux. Je n'aime pas vraiment ça, mais je ne peux pas faire grand-chose. Je continue finalement mon chemin pour rejoindre le poste de surveillance où je trouve les autres. Ils semblent relativement détendus, ce jeune homme ne doit pas être une menace pour nous finalement, mais je préfère rester sur mes gardes, j'ai failli me faire disséquer une fois, je n'ai pas la moindre envie de retenter l'expérience ! Nous l'entendons bouger dans la pièce et il recommence à parler. Il pense vraiment discuter tout seul et ce qu'il dit me fait un peu tiquer. On le traite mal parce qu'il n'est pas comme les autres ? J'imagine assez bien comment il doit se sentir, on me marche sans cesse sur les pieds parce que je ne préfère pas réagir. On me reproche de ne pas avoir assez la niac, mais comment faire quand on a l'impression d'être mort il y a tant d'années. J'aurais dû être dans la maison quand ma famille a été décimée. Si nous n'avions pas fait les égoïstes... Ma fille ne serait sans doute pas née et je ne serais pas là pour en parler. Il faut que je me reprenne et il parle soudainement de manger. Je regarde un des surveillants qui me dit :
« Il laisse de la nourriture pour la fée. Vous pourriez peut-être aller chercher la part qu'il a laissée. »
« Vous êtes sûr que c'est sans danger ? »
« Oui, pas d'inquiétude, il ne semble pas vouloir nous capturer. »
Hum... J'ai du mal à y croire, mais je décide d'attendre qu'il s'en aille pour aller juger par moi même. On me signale finalement qu'il est parti et je remets mon casque pour y retourner. Les gens qui s'occupent de la surveillance en étant sur le terrain sont foutrement plus efficaces que ces marouflards qui se cachent dans la cité souterraine, c'est moi qui vous le dis ! Mais il faut que je sois concentré et je regarde la pièce un moment avant de finalement m'élancer vers la table pour inspecter les alentours. En effet, il ne semble y avoir rien de spécifique. Je dis à des soldats de venir m'aider à la porter. Je leur indique de la prendre pendant que je suis avec un autre soldat à inspecter la cuisine à la recherche de quelque chose d'autre. J'ouvre difficilement un placard et j'indique au soldat de tenir la porte ouverte le temps que je cherche quelque chose. Tout se passe admirablement bien pour le moment, mais un grand bruit se fait entendre vers l'évier et nous fait sursauter tous les deux.
« Les couverts viennent de tomber ! Ils étaient mal positionnés ! » nous dit un des gars de la surveillance.
Merde, merde, merde ! Nous sommes soudainement plongés dans le noir avec un clac assez sonore, le placard vient de se refermer sur nous. Oh misère. J'allume une de mes lampes et je rassure le soldat pour lui dire que tout va bien aller et je repère une fissure dans le mur. Parfait, nous allons pouvoir partir. Je le fais passer en premier et je lui dis d'aller rejoindre les autres. J'ai envie d'en savoir un peu plus sur le Gigantis alors je reste là, caché.
« Est ce que tout le monde est à l'abri ? » dis-je pour m'assurer qu'il ne faut pas que je fasse un sauvetage éclair.
« Oui Commandant, tout le monde est rentré. Et vous ? »
« Il y a une fissure, je suis tout seul dans le placard. Je veux juste récolter des informations sur le Gigantis avant de rentrer. »
« Soyez prudent. »
Je coupe la communication et j'écoute pour savoir si le jeune homme est venu voir ce qu'il se passait dans la cuisine. Si jamais il ouvre le placard, il ne me verra pas, mais je veux savoir s'il va nous chercher ou non.