he's not strange, get away
Fin d'après-midi. Les cours sont terminés depuis quelques heures, déjà, mais les journées de Penny s'arrêtent rarement en même temps que les leçons. Entre les associations auxquelles elle s'intéresse, les réunions avec les professeurs, et ses cours de piano, elle doit maintenant trouver une place dans sa semaine pour les réunions entre délégués du lycée. La première a lieu aujourd'hui, à Roppongi, quartier choisi à l'unanimité par les jeunes. Le lieu, Penny s'en moque, pourvu que la réunion soit constructive et qu'elle apporte de nouvelles choses à défendre.
La jeune brune en a connu quelques-uns, des délégués, depuis qu'elle s'investit dans sa scolarité. Mais rares sont ceux qui ont la même fougue qu'elle, lorsqu'il s'agit de rester deux heures de plus au lycée pour diverses réunions. Aujourd'hui, la réunion commence timidement, et Penny finit par secouer ses camarades en engageant des conversations. Plusieurs sujets sont abordés : rénovation de la pièce de vie du lycée, problèmes de certains élèves à la cantine, ou encore le cas de quelques lycéens difficiles. Le débat n'avance pas assez à son goût. Souvent, les conversations divaguent.
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Non, mais ce contrôle de maths, c'était n'importe quoi ! Trop difficile...-
Il faut faire vite, là, je dois rentrer chez moi à 19 heures.-
Désolé, mais on peut faire une pause clope ? Après un peu plus d'une heure de réunion, Penny sort du bar un peu frustrée. Elle est un peu difficile, exigeante, et elle ne comprend pas pourquoi ces élèves ont choisi d'être délégués alors qu'ils ne s'investissent pas à fond dans leur rôle. Pour cette première séance, elle était chargée de prendre des notes sur les remarques de chacun. Et là, il semble qu'elle avait prévu beaucoup trop de feuilles, dans sa pochette... Elle en a utilisé moins de la moitié.
D'un pas décidé, elle traverse quelques rues, pas de très bonne humeur. Plusieurs questions lui traversent l'esprit, des questions qui lui semblent importantes, voire primordiales. Qu'en sera-t-il de cette jeune élève de première année qui n'arrive pas à s'intégrer, et dont personne n'a voulu parler ? Et la refonte de l'emploi du temps de cette classe de deuxième année ? Penny sent bien qu'elle va devoir de charger seule de ces dossiers-là. Et finalement, tout bien réfléchi, ce n'est peut-être pas plus mal.
A cette heure-ci, le quartier n'est pas très calme, au contraire. C'est même plutôt agité, les plus fêtards se préparent tout doucement à prendre leur premier apéritif de la soirée. Penny en regarde certains avec envie, mais ce soir, elle n'est pas à la fête, elle a encore beaucoup de choses à faire en rentrant.
Sur sa gauche, elle entend des rires, qui semblent anodins. D'instinct, la jeune fille tourne la tête en direction de ces rires, ce qui lui permet de s'apercevoir que ces rires ne sont pas tout à fait innocents. Au milieu d'un petit groupe, un jeune homme ne participe pas à la rigolade, il semble même en être le sujet. En roulant des yeux, Penny se dirige discrètement vers ces jeunes gens, d'un air méfiant. Effectivement, ils sont bien en train de se moquer du jeune homme. Elle en ignore la raison, mais ne supportant pas les abus, elle estime injuste qu'il se retrouve seul face à une petite bande de caïds très certainement stupides.
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Allez, arrêtez de glousser comme ça, laissez-le tranquille, ordonne-t-elle sèchement, déjà suffisamment agacée par la réunion des délégués.
Et les autres se mettent à rire de plus belle, s'approchant désormais d'elle, sans pour autant l'effrayer vraiment.
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Oh, mais tu es venu défendre ton petit chéri ? On n'a rien fait de mal, alors toi, rentre chez toi, petite.Petite. Bon, c'est vrai que Penny n'est pas du genre très grande, et elle ne paie pas de mine, vêtue de son uniforme scolaire. Et ceux-là ne sont pas au lycée, alors il s'agit certainement d'étudiants. Mais elle ne compte pas sur sa taille pour se faire entendre. Et, elle l'avoue, elle joue parfois de sa réputation pour atteindre ses objectifs... Quant à leur remarque évoquant la sauveteuse et son chéri, elle n'y fait même pas attention.
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J'ai beau être petite, vous savez certainement qui je suis. Et moi, je sais qui vous êtes. Alors, maintenant, laissez-nous tranquille.Il est vrai que si Penny est connue comme le loup blanc au lycée, en raison de son rôle de déléguée parfaitement bien joué, son nom résonne aussi quelques fois à l'université, puisque les deux établissements sont étroitement liés, à l'occasion de certains événements ; et Penny échange avec les étudiants référents de l'université, afin de mettre en relation des lycéens avec des étudiants. Bref, elle n'a pas encore terminé ses études qu'elle a éjà sillonné une partie de la fac.
Il ne faut que quelques secondes pour que les jeunes comprennent le message. Très vite, ils rejoignent le trottoir d'en face et laissent Penny et le jeune homme seuls. Il a l'air plutôt timide, mais sinon, il n'a d'apparence rien de si particulier. Alors Penny se demande la raison pour laquelle il se faisait embêter par d'autres jeunes de son âge.
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Il ne faut pas te laisser faire, dit-elle simplement, avec un petit sourire.
Je m'appelle Penny. Penny Sugimoto. Et toi ?